mardi 23 septembre 2008

* 23/09/08 *

Il est quatre heures vingt, ce vingt trois septembre deux mille huit. C'est passionnant de froideur, les chiffres. Des chiffres, des aiguilles, des minutes et des heures qui défilent, et des GENS. Des gens, qui ne savent pas qu'il est si précieux, ce laps qui nous rabiboche la gueule chaque matin. Faut se remplir la tête de bons souvenirs. Moi, je vis dans la passion et l'urgence, depuis deux ans.
Tu sais elle a peur dans ce monde qui n'excuse que l'amour tendre, d'une mère ou d'un père, l'Amour, d'un homme qui se couche sous la pluie, ou d'une femme qui enfante de sa moitié, même s'il est parfois des amitiés bien durables autant le diamant qui perce de son éclat la langueur de tes yeux.
Ne vois-tu pas que ta vie pourrait être si enviable, si belle, envolée, qu'il lui faille peur? Elle te veut avec elle, pour garder intact le family circle de l'enfance. Tu t'es battue, tu t'es échappée de cette condition étouffante, et doucement, tu y reviens, pour y crever peut être ? Sois toi, et ouvres les yeux sur mes mains. Elles sont là, à ta nuque, à tes hanches, à ta vie. Je te donne tout, pour un clin d'oeil. Il ne manque que ton étincelle, ton indépendance, ta passion retrouvée, asphyxiée par cette pression familliale, pour enflammer cette vie que tu te rends si médiocre. Et il est difficile de me soustraire au poids que rajoute ma simple présence.
Tu es belle, tu es jalouse, vivante, tu portes du feu dans tes veines, et je n'ai jamais croisé quelqu'un qui puisse me captiver à ce point. Tu es forte et sensible, impétueuse et si féminine. La médiocrité, je n'aime pas t'y voir retourner. Les portes du voyage, de l'amour fou, de la folie complice. De cet enfant que j'ai tant souhaité, et qui est là, quelque part. De tout ce qui a été magique dans cet axe noir et blanc, au jeu des ombres, puise dedans et affiche ton sourire. Te laisse pas envahir, petite soeur.. il y a des soirs, je déteste les satellites autant que je t'aime.


Le revers de la passion, 23 septembre 2006.

Nous mettions tout notre talent à jouer au jeu des enfants qui s'aiment. "Tire, relache, pousse moi, tu es jolie, je t'arrose, appuie toi sur moi.." C'était là notre quotidien. A la manière d'un arbre dont les racines jouent avec le cours d'eau qu'elles atteignent, je la regardais me sourire, elle aimait me séduire et m'offrait ses yeux comme un bijoux sucré. De sa nuque je parcourais le grain, mes doigts attentionnés à ne pas la blesser. Ma petite soeur en somme. Ma petite soeur qui sourit.
Je me suis perdu il y a peu. C'était il y a quelques jours, en buvant des Heineken dans un petit bistrot clando.Tu sais, un de ces bistres où se rencontrent sous les goémons de la nuit les tellines et les arapèdes qui peuplent les hauts fonds; le soir, quand ces grands fauves viennent s'abreuver au comptoir usé, il s'en passe des aventures ! J'écoute, je note sans noter, ces petites histoires qui "de soirs pisseux en matins blêmes vous tirent au fond du trou". La tête accoudée à la coque du raffiot, j'étais là, les yeux crispés sur l'étoile rouge de la bouteille verte.

Avec un ami nous discutions du quotidien, de nos amours ratés, de nos joies passées, de nos chimères. Il évoquait un improbable voyage ensemble, un de ces french roadmovies où complètement défoncés l'on sillone les villes au hasard des panneaux officiels. "A gauche ou à droite ? Roule roule copain! On verra bien.." .. et puis tout à coup, elle est descendue comme la cire d'une bougie depuis longtemps allumée : c'était une idée de trop, une idée à la con, une idée comme on ne devrait jamais en avoir.
Tu vois, elle était là, dans mes pupilles, et semblait les raviver. Elle me tournait autour, flottant à la manière d'un spectre d'Hollywood, m'embrassait, me possédait. Son étreinte si forte que je ne pouvais bouger, mon coeur aux abois. "Tu devrais lui dire" "Tranche la question" "Dis lui de te répondre" "est ce qu'elle t'aime ?" "Tu peux pas rester comme ça..."
La petite voix courait dans ma tête à la manière d'un lutin irlandais : tantôt cachée derrière une banalité de notre discussion, elle surgissait à chaque recoin de ma réflexion. J'aurai voulu couper le son de cette radio interne, mettre en pause cette voix omniprésente. Inutile : à chaque effort pour la contrer, sa force décuplait, jusqu'à m'envahir tout entier. Pris au piège, le ventre retourné et les mains tremblantes, sa torture me fît vaciller : j'acceptais.
"Ok très bien j'ai besoin de clarté, je lui poserai la question", criais-je en moi-même. "Lâche moi cruelle pensée, lâche mon esprit je t'obéis.." Le lendemain je lui posais la question : "Veux-tu que nous vivions ensemble?".
Elle a dit non, et depuis j'ai dans la gorge le goût ferreux du revers de la passion.

Aucun commentaire: